Lecomité des fêtes a organisé sa 56e soirée des reines et roi. Au départ, seules les reines étaient à l’honneur. Voilà une dizaine d’années, l’idée d’élire un roi s’est
J-9 avant la sortie en France du film Downton Abbey. Les fans français trépignent d’impatience, à l’image de la famille Crawley, nerveux à l’idée d’accueillir chez eux le roi George V et la reine Mary –les grands-parents de la reine Élisabeth II. Mais les souverains britanniques se sont-ils vraiment rendus dans le Yorkshire à la fin des années 1920? Ou Julian Fellowes a-t-il délibérément pris quelques libertés? Le roi George V et la reine Mary se sont bien rendus dans le Yorkshire, mais en juillet 1912, soit quinze ans plus tôt que l’intrigue du film Downton Abbey, qui se déroule en 1927. Entre les deux, un conflit mondial a éclaté et quatre empires se sont écroulés. François-Joseph, Nicolas II ou encore Guillaume II ont perdu leur trône… les deux derniers étant les cousins germains de George V. Le roi George V et la reine Mary se sont rendus dans le sud du Yorkshire en 1912. Popperfoto via Getty Images/Getty Images Mais la visite de 1912 n’en reste pas moins d’une importance capitale. Couronnés roi et reine de Grande-Bretagne en 1911, George et Mary ont fait le voyage jusqu’à Delhi durant l’hiver 1911-1912 pour être proclamés empereur et impératrice des Indes. De retour à Londres, le roi prévoit une tournée officielle en Europe continentale pour l’été avant de se raviser ce sera le Yorkshire. Prendre le pouls de la société britannique et aller au contact de ses citoyens Pourquoi un tel revirement? Buckingham a compris que le roi et la reine devaient être vus du peuple britannique et se devaient d’aller à la rencontre de tous les représentants de la société. L’heure est aux parades, à l’image de celle qui se prépare dans le film. Le couple souverain est accueilli par un public nombreux durant sa tournée dans le Yorshire en juillet 1912. Popperfoto via Getty Images/Getty Images Les souverains se font également un devoir de visiter les classes populaires, notamment les mineurs de fond, le Yorkshire étant un important bassin d’exploitation du charbon. Classes laborieuses, classes dangereuses? Le drame n’est en tout cas jamais loin le 9 juillet 1912, en plein milieu de la visite royale, deux explosions font 91 victimes dans la mine de charbon de Cadeby. George V et la reine Mary se rendent sur place immédiatement. Le roi prend alors la parole et entame son allocution d’un vibrant "My friends…" Quid de Downton? Car il faut loger les souverains et leur suite. Le couple s’invite en réalité à Wentworth Woodhouse, entre Leeds et Sheffield, propriété de Earl Fitzwillam. La demeure est considérée comme la plus vaste résidence privée de Grande-Bretagne encore aujourd’hui. Une propriété que n’aurait pas renié la famille Crawley.
Mercibeaucoup Ka pour ce concours ,les cro' sont impatients d'être Roi et Reine sur cromimis Bonne chance à vous . Hors ligne #4 Le 18-01-2021 à 15h50 Suzoulizou . Membre Populaire Messages: 255. Site web. Bonjour, Merci pour ce concours Ka', la façon dont s'est organisé, est plutôt originale, j'aime beaucoup!! Je compte bien participer! Hors ligne #5 Le 18
Quiconque voudra savoir les premiers commencements du roi Henri IV, le roi Bourbon remplaçant les Valois sur le trône des rois de France, aura grand soin de s’enquérir des destinées de sa sœur Catherine, et de sa première épouse, Marguerite. Elles ont chèrement payé l’une et l’autre l’honneur d’appartenir de si près au conquérant du sien. Heureusement l’histoire de Catherine, une héroïne, un grand courage, une vertu, n’est plus à faire ; il n’y a pas longtemps que Mme la comtesse d’Armaillé racontait cette vie austère et charmante à la façon d’un grand écrivain tout rempli de son sujet. Catherine de Navarre, obéissant au roi son frère, a poussé le dévouement fraternel jusqu’à sa limite extrême ; oublieuse d’elle-même et de sa fortune, elle eût tout sacrifié au roi Henri, sa conscience et sa croyance exceptées. Et lorsque, enfin, par tant de victoires, de conquêtes et d’accidents imprévus, le roi de Navarre est devenu le roi de France, quand il est le maître absolu dans Paris, sa grand’ville, au moment où la princesse Catherine, mariée au duc de Bar, s’est consolée enfin de n’avoir pas disposé de sa main selon son cœur, elle meurt, obscure et cachée, et son frère ingrat s’occupe à peine d’élever un tombeau à cette admirable servante de ses ineffables grandeurs. La princesse Marguerite, la première femme du roi de Navarre, offre un contraste complet avec la princesse Catherine. Elle a tout l’orgueil de la maison de Valois ; elle est superbe, intelligente, et pour peu que son époux le Béarnais eût voulu tirer un bon parti de cette associée à sa fortune, il eût rencontré près d’elle une consolation, un bon conseil, une illustre et digne assistance. Mais quoi ! le roi protestant se méfiait de la catholique maison de Valois ! Jeune homme, il en avait subi trop de violences et trop d’injures pour n’en point faire porter le ressentiment à sa jeune et charmante épouse. Il ne pouvait guère oublier que son nom était inscrit sur la liste rouge de la Saint-Barthélémy ; ce papier rouge disait qu’il fallait tout d’abord arracher les racines du protestantisme, à savoir le roi de Navarre, le prince de Condé, l’amiral de Coligny. Si donc Charles IX et Catherine de Médicis effacèrent de leur liste fatale le nom de leur gendre et beau-frère, ce fut par une espèce de miracle. Ainsi l’on trouverait difficilement dans toute l’histoire un mariage conclu sous de plus tristes auspices. Mal commencé, il a fini par un divorce. Mais, ceci dit, on ne peut s’empêcher d’arrêter un regard clément et charmé sur les grâces infinies de cette aimable et parfaite beauté, la reine de Navarre, et, chaque fois que nous la rencontrons dans les sentiers de l’histoire, volontiers nous contemplons cette éloquente et belle princesse, ornement de la brillante cour où fut élevée la reine d’Écosse, Marie Stuart, et qui se ressentait encore des beaux-arts, de la poésie et des splendeurs du règne de François Ier. En traversant Paris, le vainqueur de Lépante, don Juan d’Autriche, s’étant introduit au Louvre, en plein bal, et voyant passer la reine de Navarre au bras de son frère le roi de France — On a tort, disait don Juan, de l’appeler une reine, elle est déesse, et trop heureux serait le soldat qui mourrait sous sa bannière, pour la servir ! — Qui n’a pas vu la reine de Navarre, celui-là n’a pas vu le Louvre ! s’écriait le prince de Salerne. Et les ambassadeurs polonais, quand la jeune reine les eut harangués, dans ce beau latin qu’elle parlait si bien, à la grande honte de tous ces gentilshommes français qui ne savaient pas un seul mot de latin, en leur qualité de nobles — Nous nous sommes trompés, disaient-ils, c’est bien cette belle tête-là qui était faite pour porter notre couronne ! Elle était l’enchantement du Louvre et l’honneur de ses fêtes ; quand elle s’en fut en Navarre, au royaume de son mari, elle éclipsa soudain la princesse Catherine, et ce peuple, assez pauvre et vivant de peu, ne pouvait se lasser de contempler les magnificences de sa reine, en robe de toile d’argent, aux manches pendantes, et si richement coiffée avec des diamants et des perles, qu’on l’eût prise pour la reine du ciel. Elle inventait les modes que portaient toutes les reines de l’Europe ; elle portait des robes en velours incarnat d’Espagne et des bonnets tout fins ornés de pierreries, et c’était une fête de la voir, ornée de ses cheveux naturels, avec ses belles épaules, son beau visage blanc, d’une blanche sérénité, la taille haute et superbe, et portant sans fatigue et sans peine le plus beau drap d’or frisé et brodé, d’une grâce altière et douce à l a fois. » Quand elle passait dans les villes, les plus grands de la cité se pressaient autour d’elle pour entendre parler sa bouche d’or ; à chaque harangue, elle répondait par une parole improvisée, et chacun restait charmé de sa courtoisie. Mais le Louvre était sa vraie patrie, et, dans les premiers jours de son mariage, il n’y avait pas de plus beau spectacle que de voir le jeune roi de Navarre donnant le signal de la fête et dansant la Pavanne d’Espagne, danse où la belle grâce et majesté sont une belle représentation ; mais les yeux de toute la salle ne se pouvoient saouler, ny assez se ravir par une si agréable veue ; car les passages y estoient si bien dansez, les pas si sagement conduits, et les arrests faits de si belle sorte, qu’on ne sçauroit que plus admirer, ou la belle façon de danser, ou la majesté de s’arrester, représenter maintenant une gayeté, et maintenant un beau et grave desdain car il n’y a nul qui ne les ait veus en cette danse, que ne die ne l’avoir veue danser jamais si bien, et de si belle grace et majesté qu’à ce roy frère, et qu’à cette reyne sœur ; et quant à moy, je suis de telle opinion, et si l’ay veue danser aux reynes d’Espagne et d’Ecosse. » Qui parle ainsi ? Brantôme, un homme d’armes ami des grands capitaines. On peut l’en croire, quand il parle des dames de la cour de France ! Il les connaît bien, il les montre à merveille ; il applaudit à leur faveur ; il ne se gêne point pour pleurer sur leurs disgrâces. A côté de Brantôme il y avait, pour célébrer la reine de Navarre, un poète, un grand poète appelé Ronsard, l’ami de Joachim Dubellay. Le grand Ronsard, comme on disait sous le règne de Henri IV ! Et quand Ronsard et Brantôme, éclairés des mêmes beautés, se rencontraient, ils célébraient à l’envi Madame Marguerite Il fault aller contenter L’oreille de Marguerite, Et dans son palais chanter Quel honneur elle mérite. Et c’était, du poète au capitaine, à qui mieux mieux chanterait la dame souveraine. Aux vers de Ronsard applaudissaient tous les beaux esprits et tous les grands seigneurs de son temps le cardinal de Lorraine, le duc d’Enghien, le seigneur de Carnavalet, Guy de Chabot, seigneur de Jarnac. Pendant vingt ans, sur la guitare et sur le luth, les jeunes gens, les pages, les demoiselles, le marchand dans sa boutique et le magistrat dans sa maison ont chanté la chanson de Marguerite En mon cœur n’est point écrite La rose, ny autre fleur, C’est toi, belle Margarite, Par qui j’ai cette couleur. N’es-tu pas celle dont les yeus Ont surpris Par un regard gracieus Mes esprits ? II. Cette aimable reine, habile autant que femme du monde, et bien digne d’avoir partagé la nourriture et l’éducation de la reine d’Écosse et de la reine d’Espagne, Elisabeth de Valois, la seconde femme de Philippe II, avait écrit, dans les heures sombres de sa vie, au moment où la plus belle enfin se rend justice, un cahier contenant les souvenirs de sa jeunesse. Il n’y a rien de plus rare et de plus charmant que ces mémoires parmi les livres sincères sortis de la main d’une femme. Le style en est très vif, l’accent en est très vrai. Le premier souvenir de la jeune princesse est d’avoir accompagné à Bayonne sa sœur, la reine d’Espagne, que la reine mère et le roi Charles IX conduisaient par la main au terrible Philippe II. La princesse Marguerite était encore une enfant, mais elle se rappelle en ses moindres détails le festin des fiançailles. Dans un grand pré entouré d’une haute futaie, une douzaine de tables étaient servies par des bergères habillées de toile d’or et de satin, selon les habits divers de toutes les provinces de France. Elles arrivaient de Bayonne sur de grands bateaux, accompagnées de la musique des dieux marins, et, chaque troupe étant à sa place, les Poitevines dansèrent avec la cornemuse, les Provençales avec les cymbales, les Bourguignonnes et les Champenoises dansèrent avec accompagnement de hautbois, de violes et de tambourins ; les Bretonnes dansaient les passe-pied et les branles de leur province. D’abord tout alla le mieux du monde ; une grande pluie arrêta soudain toute la fête. Au retour de ce beau voyage, la jeune princesse Marguerite s’en fut rejoindre au Plessis-les-Tours la ville favorite du roi Louis XI son frère le duc d’Anjou, qui déjà, à seize ans, avait gagné deux batailles. Il était, évidemment, le favori de la reine mère et déjà très ambitieux. Il choisit pour confidente sa sœur Marguerite Oui-da, lui dit-elle, et comptez, Monsieur mon frère, que moy estant auprès de la royne ma mère, vous y serez vous-mesme et que je n’y serai que pour vous ! » Ainsi, déjà si jeune, elle entrait, par la faveur de la reine mère et par la confiance de son frère, dans les secrets de l’État. Bientôt les ambassadeurs se présentèrent pour solliciter la main de la jeune princesse. Il en vint de la part de M. de Guise, il en vint au nom du roi de Portugal, enfin le nom du prince de Navarre fut prononcé. Ce dernier mariage était dans les volontés de Catherine de Médicis. La veille de ce grand jour, le roi de Navarre avait perdu la reine sa mère, il en portait le deuil, et il vint au Louvre, accompagné de huit cents gentilshommes, vêtus de noir, demander au roi de France la main de sa sœur Marguerite. Ils furent fiancés ce même soir, et, huit jours après, ces Béarnais, vêtus de leurs plus riches habits, menèrent à l’autel de Notre-Dame de Paris la jeune reine, habillée à la royale, toute brillante des pierreries de la couronne, et le grand manteau bleu, à quatre aunes de queue, porté par trois princesses. Toute la ville était en fête et se tenait sur des échafauds dressés de l’évêché à Notre-Dame, et parés de drap d’or. A la porte de l’église, le cardinal de Bourbon c’est ce même cardinal de Bourbon que la Ligue a fait roi un instant sous le nom de Charles X attendait les deux époux. Qui l’eût dit cependant que tant de joie et de magnificences allaient aboutir, en si peu d’heures, au crime abominable de la Saint-Barthélémy ? Les protestants étaient devenus le grand souci de la reine Catherine de Médicis et du roi Charles IX ; ils étaient nombreux, hardis, bien commandés, hostiles aux catholiques, et leur perte, en un clin d’oeil, fut décidée. Honte à jamais sur cette nuit fatale, où le bruit du tocsin de Saint-Germain-l’Auxerrois, les plaintes des mourants, le sang des morts, les cris des égorgeurs remplirent la ville et le Louvre des rois de désordre et de confusion ! Tout fut cruauté, perfidie, embûches impitoyables ! La jeune reine, ignorante de ces trames dans lesquelles devaient tomber les amis, les partisans, les compagnons du roi de Navarre son mari, apprit seulement par le bruit du tocsin ces meurtres et ces vengeances qui la touchaient de si près. Elle avait passé sa soirée à causer de choses indifférentes avec la reine mère et le roi, bourreau de son peuple, sans rencontrer dans leur regard un avertissement, une pitié. Or, quand la reine mère, au moment où l’heure fatale allait sonner, commandait à sa fille qu’elle eût à rejoindre son mari dans sa chambre... évidemment elle l’envoyait à la mort. — N’y allez pas, ma sœur, lui disait sa plus jeune sœur, ou vous êtes perdue ! — Il le faut, répondit la reine mère ; allez, ma fille. Et moi, je m’en allay, toute transie et esperdue, sans me pouvoir imaginer ce que j’avois à cr aindre. » Ah ! quel drame, et comment était faite l’âme de Catherine de Médicis ! A peine endormis, dans une sécurité profonde, les jeunes époux entendent frapper à leur porte avec ces cris Navarre ! Navarre ! » Un malheureux gentilhomme du Béarn qui avait suivi le roi à Paris, M. de Tégean, percé d’un coup de hallebarde le massacre était commencé, et poursuivi par les assassins qui le voulaient achever, enfonçait la porte de la chambre ; et comme le roi de Navarre s’était levé au premier bruit du tocsin, pour s’informer des périls qu’il pressentait, le malheureux gentilhomme, entourant la jeune reine de ses bras suppliants Grâce et miséricorde ! ô Madame, protégez-moi ! » disait-il. Les meurtriers, sans respect pour la sœur du roi catholique, achevèrent leur horrible tâche sous les yeux de Marguerite éperdue, et le sang de M. de Tégean souilla le lit royal. Croirait-on, cependant, que cette horrible nuit de la Saint-Barthélemy, la reine Marguerite la raconte, en ses mémoires, avec aussi peu de souci que le dernier bal donné par le roi son frère ! Ces grands crimes ont cela de particulièrement abominable il faut être à certaine distance pour en percevoir toute l’étendue, et pourtant, quelle que soit la concision de l’écrivain de ses propres Mémoires, la suite des événements arrive, inévitable, et parfois d’autant plus pressante que l’historien aura mis moins de temps à la préparer. Dans les premiers jours qui suivirent le terrible massacre, Henri de Navarre eut grand’peine à sauvegarder sa propre vie. Il était pour son beau-frère un sujet d’inquiétude, un objet de haine pour sa belle-mère. Ils se demandaient l’un l’autre, en toutes ces confusions, pourquoi ils avaient épargné le véritable chef des protestants ? de quel droit ils le laissaient vivre ? Ils comprenaient qu’avant peu l’intrépide et vaillant capitaine Henri de Navarre deviendrait le vengeur de ses coreligionnaires, et leur pressentiment ne les trompait pas. Sur l’entrefaite, le roi Charles IX, tout couvert du sang de ses sujets, fut saisi, soudain, d’une maladie, incomparable et sans remède. Il se mourait lentement, sous l’épouvante et le remords. Pas un moment de trêve à sa peine et pas un instant de sommeil, son âme, à la torture, étant aussi malade que son corps. En toute hâte, la reine Catherine de Médicis rappela son troisième fils, le duc d’Anjou, qui était allé en Pologne chercher une couronne éphémère. Et cependant, chaque jour ajoutait aux tortures du roi Charles IX. Il était seul, en proie aux plus sombres pressentiments, cherchant à comprendre, et ne comprenant pas que c’était le remords qui le tuait. Il meurt enfin, chargé de l’exécration de tout un peuple, et le roi de Pologne accourt en toute hâte, à la façon d’un criminel qui se sauve de sa geôle. Il fut reçu à bras ouverts par la reine mère et par la jeune reine de Navarre, qui vint au-devant de lui, dans son carrosse doré, garni de velours jaune et d’un galon d’argent. Alors, les fêtes recommencèrent ; on n’eût pas dit que la guerre civile était au beau milieu de ce triste royaume. Le roi et les dames acceptaient toutes les invitations des châteaux, des monastères et même des banquiers d’Italie. On allait, en grand appareil, par la Bourgogne et la Champagne, jusqu’à Reims, et, durant ces longs voyages, les plus beaux gentilshommes s’empressaient autour de la jeune reine, le roi de Navarre étant surveillé de très près, sans crédit, sans autorité, et portant péniblement le joug de la reine mère et les mépris du nouveau roi. ===III.=== La reine Marguerite a très bien raconté comment le roi de Navarre a fini par échapper à ses persécuteurs. Nous l’avons dit Il n’était pas sans crainte pour sa vie. Un soir, peu avant le souper du roi, le roi de Navarre, changeant de manteau, s’enveloppa dans une espèce de capuchon, et franchit les guichets du Louvre sans être reconnu. Il s’en fut à pied jusqu’à la porte Saint-Honoré, où l’attendait un carrosse qui le conduisit jusqu’aux remparts. Là, il monta à cheval, et, suivi de plusieurs des siens, le voilà parti. Ce ne fut que sur les neuf heures, après leur souper, que le roi et la reine s’avisèrent de son absence et le firent chercher par toutes les chambres. Évidemment, il n’était pas au Louvre ; on le cherche dans la ville, il n’était plus dans la ville. A la fin, le roi s’inquiète et se fâche, et commande à tous les princes et seigneurs de sa maison de monter à cheval, et de ramener Henri de Navarre mort ou vif. Sur quoi, plusieurs de ces princes et seigneurs répondent au roi que la commission était dure, et quelques-uns, ayant fait mine de le chercher, s’en revinrent au point du jour. Voilà la reine Marguerite en grand’peine de cet époux qui ne l’avait point avertie ; elle pleure et se lamente, et le roi son frère menace de lui donner des gardes. Par vengeance, il résolut d’envoyer des hommes d’armes dans le château de Torigny, avec l’ordre de s’emparer de la dame de Torigny, l’amie et la cousine de la reine Marguerite, et de la jeter dans la rivière. Ces mécréants, sans autre forme de procès, s’emparent du château à minuit. Ils mettent le manoir au pillage, et quand ils se sont bien gorgés de viande et de vins, ils lient cette misérable dame sur un cheval pour la jeter à la rivière... Deux cavaliers, amis de la reine Marguerite, passaient par là à la même heure, et voyant le traitement que subissait la dame de Torigny, ils la délivrent et la mènent au roi de Navarre. A cette nouvelle, la colère de la reine mère et de son digne fils ne connaît plus de bornes ; ils veulent que la reine Marguerite leur serve au moins d’otage, et la voilà prisonnière et seule, et pas un ami qui la console. Il y en eut un, cependant, ami dévoué de la mauvaise fortune, un vrai chevalier, M. de Crillon, qui s’en vint, chaque jour, visiter la captive, et pas un des gardiens n’osa refuser le passage à ce brave homme. Cependant le roi de Navarre avait regagné son royaume ; il attirait à sa bonne mine, à sa juste cause, un grand nombre de gentilshommes. Il retrouvait son petit trésor très grossi par l’épargne de sa sœur Catherine ; et, comme chacun lui représentait qu’il eût bien fait d’amener avec lui la reine Marguerite, il lui écrivit une belle lettre, dans laquelle il la rappelait de toutes ses forces, remettant sa cause entre ses mains, et déplorant sa captivité. Henri III s’obstinait ; mais la reine mère eut compris bien vite que l’injustice dont elle accablait sa propre fille était une grande faute. Elle m’envoya quérir, voua dira Marguerite en ses Mémoires, qu’elle avoit disposé les choses d’une façon pacifique, et que si je faisais un bon accord entre le roi et le roi de Navarre, je la délivrerais d’un mortel ennui qui la possédait. A ces causes, elle me priait que l’injure que j’avois reçue ne me fit désirer plutôt la vengeance que la paix ; que le roi en étoit marry, qu’elle l’en avait vu pleurer, et qu’ il me feroit telle satisfaction que j’en resterois contente. » Au même instant, Henri III frappait à la porte de la jeune reine, et lui demandait pardon, avec une infinité de belles paroles. Elle répondit à son frère qu’elle avait déjà oublié toutes ses peines, et qu’elle le remerciait de l’avoir plongée en cette solitude, où elle avait compris les vanités de la fortune. Cependant, quand elle demanda la permission d’aller rejoindre, en Navarre, le mari qui la rappelait, elle n’obtint que des refus, la reine et le roi lui remontrant que le roi de Navarre avait abjuré la religion catholique, qu’il était redevenu huguenot, et qu’il était plus menaçant que jamais. C’était l’heure où s’ouvraient les états de Blois, où les catholiques organisaient la suinte Ligue, où le royaume était en feu, où plus que jamais les huguenots étaient suspects. La guerre civile approchait ; on l’entendait venir de toutes parts, et plus les huguenots étaient menacés, plus la reine de Navarre sollicitait la permission de rejoindre son mari. Ce fut le plus beau moment de sa vie, à vrai dire ; elle était éloquente en raison de tant de menaces et de périls Non, non, disait le roi de France, vous n’irez pas rejoindre un huguenot. J’ai résolu d’exterminer cette misérable religion qui nous fait tant de mal, et vous, qui êtes catholique et fille de France, je n’irai pas vous exposer aux vengeances de ces traîtres. » Plus il parlait, plus il menaçait, plus le danger était grand d’une fuite à travers la France, et plus la jeune reine était résolue à ne pas demeurer dans une cour où le nom de son mari était chargé de tant de malédictions. Mais que faire et que devenir ? Comment échapper à cette surveillance de tous les jours ? La jeune reine imagina de se faire commander, par les médecins, une saison aux eaux de Spa, et le roi, cette fois, consentit au départ de sa sœur, par une arrière-pensée qu’il avait d’être agréable aux Flamands et de reprendre en temps opportun les Flandres au roi d’Espagne. A cette ouverture, Henri de France fut ébloui, et s’écria soudain O reine, ne cherchez plus ; il faut que vous alliez aux eaux de Spa. Vous direz que les médecins vous les ont ordonnées, qu’à cette heure la saison est propice, et que je vous ai commandé d’y aller. Bien plus, la princesse de la Roche-sur-Yon m’a promis de vous accompagner. » Voilà comment ce bon sire fut dupe de son ambition d’avoir les Flandres. La reine mère, de son côté, ne vit, tout d’abord, que l’avantage de cette grande conquête et, sans soupçonner à sa fille une arrière-pensée, elle consentit à son départ. Comme elle avait toujours en sa réserve politique un projet caché, elle fit prévenir, par un courrier, le gouverneur des Flandres pour le roi d’Espagne, en demandant les passeports nécessaires pour ce long voyage. Or, le gouverneur des Flandres n’était rien moins que ce célèbre, ce fameux don Juan d’Autriche, vainqueur à Lépante, et qui comptait parmi ses soldats ce vaillant et divin génie appelé Michel Cervantes. La reine mère, en ce moment, se rappelait l’éblouissement de don Juan d’Autriche à l’aspect de sa fille Marguerite, et comme, en plein Louvre, il l’avait comparée aux étoiles, avec une ardeur toute castillane Allez, ma fille, et songez aux intérêts de la France ! » disait la reine mère, et déjà, dans sa pensée, elle voyait don Juan d’Autriche offrir à la belle voyageuse au moins les domaines de l’évêque de Liège, dans lesquels murmuraient doucement ces belles eaux de Spa, salutaires fontaines encore inconnues, réservées à une si grande célébrité. Ainsi, pendant que la reine mère et le roi s’en allaient à Poitiers chercher l’armée de M. de Mayenne, afin de la conduire en Gascogne contre le roi de Navarre et les huguenots, la reine Marguerite allait, à petites journées, dans ces Flandres qu’elle ne songeait guère à conquérir. Elle était accompagnée en ce beau voyage de Mme princesse de la Roche-sur-Yon, de Mme de Tournon, sa dame d’honneur, de Mme de Mouy de Picardie, de Mme de Castelaine de Millon, de Mlle d’Atrie, de Mlle de Tournon, et de sept ou huit autres demoiselles des meilleures maisons. A cette suite royale s’étaient réunis M. le cardinal de Senoncourt, M. l’évêque de Langres, M. de Mouy, enfin toute la maison de la reine, à savoir le majordome et le premier maître d’hôtel, les pages, les écuyers et les gentilshommes. La compagnie était jeune, élégante ; elle faisait peu de chemin en un jour ; elle fut la bienvenue, et trouva toutes sortes de louanges sur son passage J’allois en une littière faite à piliers doublez velours incarnadin d’Espagne en broderie d’or et de soye nuée à devise. Cette littière étoit toute titrée et les vitres toutes faites à devise ; y ayant, ou à la doublure ou aux vitres, quarante devises toutes différentes, avec les mots en espagnol, en italien, sur le soleil et ses effets ; laquelle étoit suivie de la littière de Mme de la Roche-sur-Yon et de celle de Mme de Tournon, ma dame d’honneur, et de dix filles à cheval avec leur gouvernante, et de six carrioles ou chariots, où alloit le reste des dames et femmes d’elle et de moy. » Écoutez la belle voyageuse ; elle vous dira que tout cet appareil était fait uniquement pour augmenter le respect des peuples et l’admiration de l’étranger. Cependant, les villes sur la chemin du cortège avaient grand’peine à donner une hospitalité convenable à tant de princes, de princesses ou de seigneurs. Les campagnes étaient ruinées de fond en comble, et le paysan, dans ses champs dévastés, voyant passer tant de splendeurs inutiles, se demandait s’il n’était pas le jouet d’un rêve. Arrivée à la frontière du Cambrésis, la princesse errante trouva un gentilhomme que lui envoyait l’évêque de Cambrai. Ce gentilhomme annonça que son maître allait venir, et l’évêque, en effet, se montra, lui et sa suite, vêtus comme des Flamands, et beaucoup plus Espagnols que Français. Que dis-je ? Ils se vantaient d’être les amis et les envoyés de ce même don Juan d’Autriche, un des grands admirateurs de la princesse, avant qu’elle ne fût reine de Navarre. Du milieu des fêtes du Louvre, et de tant d’intrigues de la cour des Valois, don Juan n’avait rapporté que l’image et le souvenir de la reine Marguerite. A la nouvelle de son voyage, il était accouru au-devant de la princesse, et il vint l’attendre aux portes de Cambrai, une grande cité fortifiée, et des plus belles de la chrétienté par sa citadelle et par ses églises. Il y eut, le même soir de cette entrée, une grande fête au palais épiscopal, un festin suivi d’un grand bal, le bal suivi d’une collation de confitures. La jeune reine eut, ce même soir, pour la conduire, le gouverneur du château fort. En ce temps-là, Cambrai appartenait encore à l’Espagne, et s’il n’eût fallu qu’un sourire, une bonne parole, pour s’emparer de ce dernier rempart de l’Espagne et donner à la France une si belle cité, Marguerite eût fait volontiers ce grand sacrifice. Au moins, si elle ne prit pas la ville, elle eut le grand talent de savoir comment on la pouvait prendre. Elle s’inquiéta de ses défenses ; elle voulut connaître le nombre et la profondeur des fossés ; comment la citadelle était gardée, et quels en étaient les côtés vulnérables. A toutes ces questions, faites avec un art digne de la meilleure élève de Catherine de Médicis, le gouverneur de Cambrai, qui voulait être agréable à tout prix, eut la condescendance de répondre. Il fit plus, il accepta la proposition que lui fit la jeune reine de l’accompagner jusqu’à Namur, et dans ce voyage, qui ne dura pas moins de douze jours, elle abattit le peu de résistance et d’orgueil qui restaient dans l’esprit du gouverneur. Malheureusement, don Juan veillait sur toute chose. Il n’eut rien refusé à la belle voyageuse, mais il n’était pas homme à lui donner un pouce de terrain dans les terres qui appartenaient à l’Espagne. Et cependant, toutes ces villes flamandes luttaient de courtoisie. Elles étaient beaucoup plus riches que les villes françaises, et d’une hospitalité vraiment royale. A Valenciennes, Marguerite admira les belles places, les belles églises, les fontaines d’eau jaillissante ; elle et sa suite furent frappées d’étonnement au carillon harmonieux de toutes ces belles horloges, dont chacune exhalait son cantique dans les airs doucement réjouis. Ces Flandres ont de tout temps excellé dans ces récréations à l’usage d’une ville entière. Elles aimaient la parade publique, les jardins, les musées, la fête à laquelle chacun prend sa part. Elles aimaient la justice et la gaieté ; elles exécraient l’Espagne et les Espagnols. Le nom de Philippe II et celui du digne exécuteur de ses terribles volontés, le duc d’Albe, retentissaient dans les cœurs flamands comme un remords. Ils pleuraient le comte d’Egmont, décapité avec le comte de Horn, comme s’ils eussent été participants à son meurtre. De ces cruels souvenirs leurs fêtes étaient tr oublées ; mais sitôt qu’ils possédèrent la reine Marguerite, ces pays maltraités oublièrent, pour un instant, leur cruel ressentiment. Ce fut à qui serait le plus hospitalier pour la princesse, et les plus belles Flamandes, familières et joyeuses c’est leur naturel, accoururent au-devant de l’étrangère avec tant de grâce et d’honnêteté, qu’elles la retinrent pendant huit jours. L’une d’elles, la principale de la ville, nourrissait son enfant de son lait, et comme elle était assise à table à côté de Marguerite, la princesse admira tout à son aise la belle Flamande et le costume qu’elle portait Elle étoit parée à ravir et couverte de pierreries et de broderies, avec une rabille à l’espagnole de toile d’or noire, avec des bandes de broderie de canetille d’or et d’argent, et un pourpoint de toile d’argent blanche en broderie d’or, avec de gros boutons de diamants habit approprié à l’office de nourrice. » Ainsi faite, elle était éblouissante ; mais écoutez la suite et le couronnement du festin. Quand on fut au dessert, la jeune mère eut souci de son nourrisson et fit signe qu’on le lui apportât. On lui apporta l’enfant, emmailloté aussi richement qu’estoit vestuë la nourrice. Elle le mit entre nous deux sur la table, et librement donna à teter à son petit. Ce qui eust été tenu à incivilité à quelqu’autre ; mais elle le faisoit avec tant de grâce et de naïveté, comme toutes ses actions en étoient accompagnées, qu’elle en reçut autant de louanges que la compagnie de plaisir. » Si vous aimez les tableaux flamands, en voilà un tracé de main de maître, avec une extrême élégance, et c’est grand dommage que dans ces Flandres, fécondes en grands artistes, pas un n’ait songé à reproduire sur une toile intelligente un si charmant spectacle. Or, la reine Marguerite, ayant dompté le gouverneur de Cambrai, vint facilement à bout des dames de Mans — Comment donc, leur dit-elle, ne pas vous aimer, vous trouvant toutes françaises ? — Hélas ! répondaient ces dames, nous étions Françaises autrefois ! Nous savons la France aussi bien que les Français ; nous la regrettons, nous la pleurons, mais les Espagnols sont les plus forts. Dites cela, Madame, à votre frère le roi de France, afin qu’il nous vienne en aide, et dites-lui que s’il fait un pas, nous en ferons deux, tant nous sommes disposés à reconnaître, à saluer sa couronne. Ainsi ces dames parlaient sans crainte, et conspiraient franchement, sans perdre une sarabande, une chanson. Le lendemain, Marguerite, avant son départ, s’en fut visiter un béguinage, qui est une espèce de couvent, composé de quantité de petites maisons dans lesquelles sont élevées de jeunes demoiselles par des religieuses savantes. Elles portent le voile jusqu’à vêpres, et, sitôt les vêpres dites, elles se parent de leurs plus beaux atours, et s’en vont dans le plus grand monde, où elles trouvent très bien leur place. A la fin il fallut se quitter, et Marguerite, pour reconnaître une hospitalité si libérale, distribua toutes sortes de présents à ces dames qui l’avaient si bien reçue tant de chaînes, de colliers, de bracelets, de pierreries, si bien qu’elle fut reconduite jusqu’à mi-chemin de Namur, où commandait un des plus vieux courtisans de la cour de Philippe II. Sur les confins de Namur, reparut don Juan d’Autriche, accompagné des seigneurs les plus qualifiés de la cour d’Espagne et d’une grande suite d’officiers et gentilshommes de sa maison, parmi lesquels était un Ludovic de Gonzague, parent du duc de Mantoue. Il mit pied à terre pour saluer l’illustre voyageuse, et quand la cortège reprit sa marche, il accompagna la litière royale à cheval. Toute la ville de Namur était illuminée ; il n’était pas une fenêtre où les belles Françaises ne pussent lire une devise à la louange de leur reine. Un palais véritable était préparé pour la recevoir, et le moindre appartement était tendu des plus riches tapisseries de velours, de satin, ou de toile d’argent couverte de broderies, sur lesquelles étaient représentés des personnages vêtus à l’antique. Si bien que l’on eût dit que ces merveilles appartenaient à quelque grand roi, et non pas à quelque jeune prince à marier, tel que don Juan d’Autriche. Et notez bien que la plus riche magnificence avait été réservée pour la tenture de la chambre à coucher de la reine. On y voyait représentée admirablement la Victoire de Lépante, honneur de don Juan. Après une bonne nuit, où les enchantements de ce voyage apparaissaient en rêve, la reine se leva et, sa toilette étant faite, elle s’en fut ouïr une messe en musique à l’espagnole, avec violons, violes de basse et trompettes. Après la messe, il y eut un grand festin ; Marguerite et don Juan étaient assis à une table à part. Toute l’assemblée en habits magnifiques ; dames et seigneurs dînaient à des tables séparées de la table royale, et l’on vit ce même Ludovic de Gonzague à genoux aux pieds de don Juan et lui servant à boire. Ah ! tels étaient l’orgueil et le faste de ces princes espagnols, que même les princes illégitimes étaient traités comme des rois. Ainsi, deux journées se passèrent dans les fêtes de la nuit et du jour, pendant que l’on préparait les bateaux qui, par la douce rivière de Meuse, une suite de frais paysages, devaient conduire jusqu’à Liège la re ine de Navarre. Elle marcha, jusqu’au rivage, sur un tapis aux armes de don Juan. Le bateau qui la reçut était semblable à la galère de Cléopâtre, au temps fabuleux de la reine d’Égypte. Autour de ce riche bateau, que la rivière emportait comme à regret, se pressaient des barques légères, toutes remplies de musiciens et de chanteurs, qui chantaient leurs plus belles chansons, avec accompagnement de guitares et de hautbois. Dans ces flots hospitaliers, clairs et limpides, où le soleil brillait de son plus vif éclat, une île, en façon de temple, mais d’un temple soutenu par mille colonnes, arrêta soudain cette brillante féerie. Alors recommencèrent les danses et les festins de plus belle, et voilà comment ils arrivèrent à Liège, où monseigneur l’évêque avait donné des ordres pour recevoir dignement les hôtes du seigneur don Juan d’Autriche. Mais, à peine arrivée dans cette ville hospitalière, Marguerite essuya comme une tempête. On eût dit que le déluge était déchaîné sur le rivage et dans les rues, et la peur fut si grande, que Mlle de Tournon, l’une des demoiselles d’honneur, non pas la moins belle et la moins charmante, expira de fatigue et de terreur. C’est très vrai nulle joie, ici-bas, sans mélange. Il faut que chacun paye à son tour les prospérités de son voyage, et ce fut un grand deuil pour Marguerite. Elle resta trois jours enfermée en son logis ; mais quand elle eut bien pleuré sa chère compagne, elle consentit que l’évêque de Liège la vînt saluer dans la maison qu’il avait fait préparer pour la recevoir. Cet évêque était un prince souverain, de bonne mine et bien fait de sa personne. Il portait de la plus agréable façon la couronne et la mitre, le sceptre et l’épée ou le bâton pastoral. Il était magnifique en toute chose, et marchait entouré d’un chapitre à ce point distingué que les moindres chanoines étaient fils de ducs, de comtes et de grands seigneurs, comme on n’en voyait que dans les grandes églises des chanoines-comtes de Lyon. Chacun des chanoines de Liège habitait un palais dans quelqu’une de ces rues grandes et larges, ou sur ces belles places ornées de fontaines. Le palais épiscopal était un Louvre, où le prince-évêque avait réuni les chefs-d’œuvre de l’école flamande et les plus belles toiles de l’école italienne. Il était grand amateur de jardins ; ses jardins étaient peuplés de statues. Après trois jours de fêtes vraiment royales, la jeune reine songea enfin à prendre le chemin de Spa. Spa, qui est aujourd’hui une ville arrangée et bâtie à plaisir, lieu célèbre et charmant, le rendez-vous des fêtes de l’été, une source où tout jase, un bois où tout chante, n’était guère, en ce temps-là, qu’un lieu sauvage et sans nom, composé de deux ou trois cabanes où les buveurs d’eau s’abritaient à grand’peine. Un forgeron du pays avait découvert le premier, par sa propre expérience, la vertu de ces eaux salutaires. Il les avait célébrées de toutes ses forces ; mais le moyen de coucher à la belle étoile ? Et voilà pourquoi cette heureuse ville de Spa, la cité favorite de la Belgique, a gardé précieusement dans ses annales le souvenir de la reine Marguerite, non moins qu’une reconnaissance extrême pour ce terrible et singulier génie appelé Pierre le Grand, qui s’en vint, deux siècles plus tard, demander à la fontaine du Pouhon quelques heures de sommeil et de rafraîchissement. Mais dans l’état misérable de ce pays et de cette forêt des Ardennes, où les loups avaient choisi leur domicile, un évêque aussi galant homme, aussi bien élevé que l’évêque de Liège, ne pouvait pas consentir qu’une reine de Navarre, en si belle compagnie, acceptât les obstacles, les périls, l’isolement, les ennuis de ces tristes contrées. En vain la magnificence de ces bois séculaires, le murmure enchanteur de ces frais ruisseaux, le flot mystérieux de ces ondes charmantes, pleines de fécondité, de santé, d’espérance, attiraient à leur charme infini ces belles voyageuses, la grâce et l’ornement de la maison de Valois... La reine Marguerite et la princesse de la Roche-sur-Yon, qui n’étaient pas très éprises de l’élégie et de l’idylle champêtre, eurent bientôt consenti à la proposition que leur faisait Sa Grâce Mgr l’évêque de Liège. Il proposait que ces dames, une ou deux fois par semaine, iraient à cheval s’abreuver aux claires fontaines, et que, le reste du temps, la fontaine irait elle-même au-devant des buveuses d’eau. Aussitôt que le bruit se répandit du séjour de ces dames françaises, on vit accourir à Liège, de la frontière des Flandres et même du fond de l’Allemagne, les dames les plus qualifiées, et ces réunions, toutes pleines d’honneur et de joie, ont laissé dans la province un tel souvenir, qu’elle s’en souvient encore. Ainsi, la reine Marguerite oublia la mort subite de cette aimable Mlle de Tournon, sa douce compagne ! et ce jeune corps, aussi malheureux qu’innocent et glorieux, fut rapporté dans sa patrie en un drap blanc couvert de fleurs. » Chaque matin, qu’elle se rendit à Spa, ou qu’elle bût les eaux dans les jardins de l’évêché lesquelles eaux veulent être tracassées et promenées en disant des choses réjouissantes, la reine allait en bonne compagnie. Elle était chaque jour invitée à quelque festin ; après le dîner, elle allait entendre les vêpres en quelque maison religieuse ; puis la musique et le bal pendant six semaines. C’est le temps d’une cure ; au bout de six semaines, la santé est revenue. Il fallut donc repartir, mais en six semaines, déjà, que de changements dans la province ! Elle était à feu et à sang ; le galant don Juan d’Autriche s’était emparé de Namur et des meilleurs seigneurs de la province. Alors, un grand conflit entre les catholiques de Flandre et les huguenots du prince d’Orange. Or, nécessairement, il fallait traverser toute cette bagarre, en danger d’être prise par l’un ou l’autre parti. Cette fois encore apparut l’évêque de Liège ; il protégea jusqu’à la fin les dames dont il avait été l’hôte assidu. Il leur donna, pour les accompagner, son grand maître et ses chevaux ; mais ces damnés parpaillots manquaient tout à fait de courtoisie. Ils prétendirent que la reine ne pouvait pas rentrer en France avant d’avoir payé toutes ses dettes. Ils nièrent à l’évêque de Liège le droit de signer des passeports. On crie Aux armes ! sur le passage de la reine, aux mêmes lieux où naguère on criait Vive la reine ! Ces mêmes portes des villes qui s’ouvraient devant elle à son arrivée se fermaient brutalement à son retour. Cependant rien n’arrêtait la jeune reine ; elle se savait éloquente, et parlait à la multitude, apaisant celui-ci, souriant à celui-là, également inquiète des Allemands, des Espagnols, des huguenots, de ce même don Juan, naguère empressé comme un amoureux autour de sa fiancée. O peines du voyage ! et cependant la dame avait résolu de rejoindre en toute hâte la cour de Navarre, mais non pas sans avoir salué son frère, le roi de France. Or, laissant là sa litière, elle monte à cheval et s’en va, par des chemins détournés, frapper aux portes de Cambrai. La ville hospitalière accueillit la f ugitive, et bientôt à Saint-Denis même, et sur le seuil de la grande basilique où l’abbé Suger a laissé tant de souvenirs, le roi, la reine et toute la cour de France accoururent au-devant de Madame Marguerite. On lui fit raconter, Dieu le sait, toutes les merveilles de son voyage, et quand elle vit le roi son frère en si belle humeur, elle lui demanda la permission de rejoindre enfin le roi son mari, en le priant de lui constituer une dot, et promptement, tant elle avait hâte de se rendre à son poste naturel. Pendant six grands mois elle renouvela sa prière Attendons ! » disait la reine mère ; et Patientons ! » disait la roi. Il se méfiait de tout le monde, et quand sa sœur lui demandait d’où lui venaient ces craintes et ces doutes, il répondait gravement que les simples mortels n’avaient pas le droit de demander aux rois, non plus qu’aux dieux, les motifs de leurs décisions. Or, toutes ces brouilleries finissaient toujours par cet ordre absolu Ma fille, allez vous parer pour le souper et pour le bal. » Depuis que le roi de Navarre s’était échappé du Louvre, les portes du Louvre étaient gardées si curieusement que pas un n’en passait le seuil qu’on ne le regardât au visage. Aussi bien, lorsque, après six mois de patience et de promesses non tenues, la jeune reine eut résolu de s’échapper du Louvre, elle se fit apporter en secret un câble qui plongeait de sa fenêtre dans le fossé du château, et, par une nuit sombre, un soir que le roi ne soupait point et que la reine mère soupait seule en sa petite salle, la reine Marguerite se mit au lit, entourée de ses dames d’honneur, et tout de suite, après qu’elles se furent retirées, elle allait descendre, à tout hasard. Heureusement, un surveillant du château arrêta cette belle fuite, et la reine mère, touchée enfin par tant d’obstination, consentit à doter sa fille et à la rendre à son mari, à condition qu’elle maintiendrait la paix entre les deux royaumes. Ah ! comme elle respira librement lorsqu’elle vit accourir le roi de Navarre au-devant d’elle, accompagné des seigneurs et gentilshommes de la religion de Gascogne ! Ainsi, l’un et l’autre, ils se rendirent à petites journées dans le château de Pau, en Béarn, en pleine religion réformée, et ce fut à peine si la reine Marguerite obtint la permission d’entendre la messe avec quatre ou cinq catholiques. Il fallait, dans ces grands jours, fermer les portes du château, tant les catholiques de la contrée étaient désireux d’assister au saint sacrifice, dont ils étaient privés depuis si longtemps. Ainsi, fanatisme et cruauté des deux parts ; même on ne saurait croire à quel point le Béarnais poussait la rigueur jusqu’à chasser à coups de hallebarde ses malheureux sujets catholiques pour avoir assisté à la messe de leur reine. Il y avait cependant un parlement à Pau ; mais c’était un parlement huguenot, qui donna tort à la reine quand elle se plaignit des procédés du roi son mari. C’était bien la peine, en effet, de l’être venue chercher de si loin ! Il supportait péniblement la présence de sa jeune épouse, et finit par la reléguer à Nérac, où elle rencontra, belle, intelligente et bienveillante aussi, sa belle-sœur, la princesse Catherine, amie et confidente du roi son frère. Or Catherine était une grande âme, affable et juste, aimant la liberté de conscience autant qu’elle aimait la belle compagnie. On ferait un charmant récit de ces deux cours de Nérac, de ces deux religions vivant l’une à côté de l’autre, en toute courtoisie. Et chaque dimanche, après le prêche, après la messe, huguenots et catholiques se promenaient ensemble, et se donnaient la main, dans un très beau jardin, par de longues allées de lauriers et de cyprès, le long d’une belle rivière, et le soir, ces dames et ces messieurs, réunis par la religion du plaisir, dansaient ensemble. On dirait d’un conte de fées. Mais quoi ! ces haines n’étaient qu’endormies. La guerre civile et religieuse était recouverte à peine sous des cendres brûlantes. Le maréchal de Biron, à la tête des soldats du roi catholique, enlevait au roi huguenot les meilleures places de son royaume de Navarre. Ah ! Sire, écrivait la reine Marguerite au roi de France, retenez le maréchal de Biron, épargnez notre petite cour de Nérac, commandez à vos capitaines de respecter ma belle-sœur, Madame Catherine... » Elle prêchait dans le désert. Henri de Navarre et le maréchal de Biron se battaient tout le jour et tous les jours. Le canon avait peine à respecter le château dans lequel s’étaient réfugiées toutes ces belles jeunesses ; enfin ce n’était pas le compte du roi de France d’accorder la pais au roi de Navarre, qui, du reste, ne la demandait guère. Ainsi, chaque jour diminuait pour Madame Marguerite l’amitié et les bons souvenirs du roi son frère, pendant que le roi son mari oubliait sa jeune épouse. Hélas ! le roi Charles IX l’avait bien dit En donnant ma sœur Margot au prince de Béarn, je la donne au plus infidèle de tous les hommes. » Quelle différence entre ces deux femmes Catherine de Bourbon et Marguerite de Valois ! Catherine avait foi dans les destinées de son frère ; elle ne voyait rien de plus rare et de plus grand que son courage ; elle a consacré sa vie entière à la grandeur naissante de cette maison de Bourbon, que la trahison du connétable de Bourbon avait réduite à des proportions si misérables. Ainsi, Catherine de Navarre est morte à la peine, en se glorifiant d’avoir tant contribué à l’établissement de la royauté française. Au contraire, Marguerite est un obstacle aux vastes projets de son maître et seigneur, marchant à la conquête du royaume de France. Au moment où le Béarnais avait besoin de toutes ses forces, elle cherche à se composer un petit royaume à son usage personnel, et lorsque enfin Paris ouvre ses portes au roi victorieux, lorsqu’il est rentré dans le sein de l’Église catholique, le roi cherche en vain la reine sa compagne. La France l’avait déjà oubliée. Elle était Valois, la France entière était Bourbon. Cependant le nouveau roi de France aspirait au bonheur d’un mariage régulier. Il avait décidé qu’il laisserait son sceptre à des héritiers légitimes, et il commandait, plus qu’il ne sollicitait, un divorce devenu nécessaire. Hélas ! en ce moment, la reine Marguerite comprit enfin dans quel abîme elle était tombée. Elle vit toute l’étendue de sa peine, et l’incomparable majesté de cette couronne, qui allait être encore une fois la première entre toutes les couronnes de l’Europe. Et si profonde, en effet, cette chute apparaissait aux regards du monde entier, que lorsque la reine infortunée eut consenti au divorce, Henri IV fut le premier à la prendre en pitié. Son cœur était bon, autant que son âme était grande. Au moment de se séparer de cette épouse qu’il avait prise, éclatante et superbe, en sa dix-huitième année, au milieu des fêtes et des périls de tout genre, à la veille de la Saint-Barthélemy, d’abominable mémoire, il revit d’un coup d’oeil toute sa jeunesse écoulée ; tant de grâce, de dévouement, de charme enfin, lui revinrent en mémoire, et il se prit à pleurer sur les ruines de ce mariage accepté sous de si tristes auspices. O malheureuse Marguerite ! s’écriait le bon sire, il fallait donc que nous en vinssions à cette séparation, après avoir partagé tant de périls, tant d’illustres aventures, et de si beaux jours ! Et j’en atteste ici Dieu lui-même, il n’a pas tenu que de moi qu’elle ne fût reine de France à mon côté, mais elle n’a pas voulu m’obéir et me servir. » Ainsi fut prononcé le divorce. Voyez cependant l’inconstance et le changement d’un esprit futile et primesautier ! Sitôt qu’elle eut renoncé aux espérances d’un si beau trône, la reine Marguerite ressentit un désir invincible de revoir la France et Paris, et ce grand roi dont elle n’était plus l’épouse. En vain, ses conseillers lui disaient Prenez garde, il ne faut pas déplaire au roi, votre maître ; attendez son ordre et tenez vous à distance... » Elle n’obéit qu’à sa passion du moment, et, sans permission du roi son maître, elle fit dans Paris une entrée royale. Elle était belle encore, et la ville entière, à la revoir, reconnut cette beauté qu’elle avait adorée. Elle eût frappé aux portes du Louvre des rois ses aïeux, les portes du Louvre se seraient ouvertes d’elles-mêmes... Elle n’alla pas si loin. Elle s’était bâti, avec une prévoyance assez rare, une belle maison sur les bords de la Seine, au milieu de jardins magnifiques, et dans cette maison faite à son usage elle avait entassé, curieuse et connaisseuse en toutes choses, les plus rares et les plus exquises merveilles de ces arts singuliers dont le goût du roi Henri III fut la dernière expression. A peine installée en ce lieu charmant, la reine Marguerite eut une cour brillante, non pas tant de soldats et de capitaines ceux-là se pressaient autour du Béarnais, mais de beaux esprits, de poètes, d’historiens, de causeurs, attirés par la grâce et l’enchantement de cette aimable découronnée. Il y vint un des premiers, le roi Henri IV ; il s’amusait à ces fêtes brillantes ; il se plaisait à ces surprises si bien ménagées. Il disait que toute la peine était au Louvre et tout le plaisir chez la reine Marguerite. Elle avait le grand art de plaire ; elle plaisait, même sans le vouloir. Henri IV la trouvait charmante, à présent qu’il n’était plus son mari. M. de Sully, plus prévoyant, résistait à ces belles grâces, et quand la reine se plaignait des froideurs du premier ministre Il vous trouve un peu dépensière, disait le roi, et nous avons tant besoin d’argent !— Nous autres Valois, disait la reine en relevant sa tête fière, nous aimons la dépense et nous sommes prodigues.— Nous autres Bourbons, répondait le roi, nous aimons l’économie et nous sommes avares. » Il croyait rire, il disait juste. Ces princes de la maison de Valois étaient splendides en toutes choses, hormis ce qui les concernait personnellement ; les princes de la maison de Bourbon sentaient l’épargne. Mais la reine Marguerite laissait gronder M. de Sully et redoublait de magnificence. Henri, pour elle, était prodigue. On voyait qu’il ne pouvait guère se passer de cet aimable rendez-vous des belles causeries, des fêtes intimes, de la musique et de tous les arts. Ainsi, par un bonheur bien rare, les fautes mêmes de la reine Marguerite de Navarre ont fini par contribuer à sa gloire. Elle eut ce grand mérite, étant la fille d’une reine sanguinaire et tenant de si près au roi Charles IX, d’être bonne et clémente. Elle haïssait d’instinct tous ces crimes d’État qu’elle avait entrevus dans ces ombres et dans ces fêtes sanglantes. Plus d’une fois, ce grand roi Henri, comme il était au comble des prospérités et de la gloire, heureux partout, moins heureux dans son ménage, alla frapper à la porte de sa première épouse, en la priant de le ramener aux premières journées pleines d’aurore et d’espérance. Ah ! c’était là le bon temps [1] ; ils étaient pauvres, ils étaient en butte aux soupçons d’un roi jaloux, d’une reine impérieuse et d’une mère implacable. Ils avaient assisté, dans une nuit d’épouvante, au massacre de tous leurs amis, A grand’peine ils s’étaient enfuis de ce Louvre dont on leur faisait une prison, ils avaient mené la vie errante, à travers mille dangers... Tels étaient leurs discours à chaque rencontre, et toujours ils finissaient par se dire Ah ! c’était le bon temps. » ===VII.=== Lorsqu’en 1610 la reine Marie de Médicis sollicita les honneurs du sacre, le roi Henri IV s’en vint chez Marguerite, et par tant de prières et de bonnes paroles il obtint de la femme divorcée qu’elle assisterait au sacre de la reine. Elle fit d’abord une certaine résistance, et bientôt, si vive était sa croyance en sa propre beauté, elle accueillit l’invitation du roi son maître par un sourire, et l’on vit des vieillards de cent ans l’ont raconté plus tard au cardinal de Richelieu la foule, attentive à ces grandes cérémonies d’un couronnement et d’un sacre, oublier la reine régnante pour la reine disgraciée. Ce fut dans l’antique métropole de Saint-Denis que s’accomplit l’auguste cérémonie. On y vit toute la cour dans son plus magnifique appareil. Le cardinal de Joyeuse eut l’honneur de poser la couronne de France sur la tête de cette future grand’mère de Louis XIV. La reine avait Monseigneur le Dauphin à sa droite, et Madame, fille du roi, à sa gauche. La traîne de la robe royale était portée par la princesse de Montpensier, la princesse de Condé, la princesse de Conti, le duc de Vendôme tenant le sceptre, et le chevalier de Vendôme la main de justice. Le roi, dans une tribune, assistait à cette fête... Tous les regards se portèrent, au même instant, sur la reine divorcée. On eût dit qu’elle était la couronnée. Elle portait l’éventail comme un sceptre, et quand elle traversa cette illustre basilique de Saint-Denis, le peuple entier s’inclina devant cette ombre éclatante et sereine de la maison de Valois. Le lendemain, le 14 mai 1610, Henri le Grand, le seul roi dont le peuple ait gardé la mémoire, tombait sous le couteau de Ravaillac ! Le monde entier pleura ce grand homme. Au milieu de l’universelle désolation se distingua la reine Marguerite par sa profonde et sincère douleur. La reine sacrée et légitime, Marie de Médicis elle-même, a versé des larmes moins sincères sur le trépas de ce héros, dont elle n’était pas digne. Elle se consola beaucoup plus vite que la petite reine. Enfin, cinq ans après la mort du roi, la désolée et repentante Marguerite de Navarre elles finissent toutes par une mort chrétienne rendait son âme à Dieu, le 27 mars 1615. A l’âge de soixante-trois ans qu’elle pouvait avoir, elle avait gardé ce beau visage, où toutes les majestés de la vie humaine et tous les bonheurs de la jeunesse, unis au bel esprit, avaient laissé leur douce et sérieuse empreinte. Elle fut enterrée à Saint-Denis, dans le tombeau des rois. ↑ Le lecteur ne pourra guère s’empêcher de trouver singulière cette qualification appliquée à une telle époque. Si Henri pouvait avec quelque raison regretter sa première épouse, il était difficile néanmoins de trouver bon le temps que les horreurs de la guerre civile, sous les derniers Valois, ont si terriblement gâté ».
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Vingtet une : la lune Vingt deux : le feu Vingt trois : la croix Vingt quatre : l’emplâtre Vingt cinq : c’est la fin. Des saucisses et du boudin. Trente et un Trente et un, Cachez-vous bien. Trente- deux, Cachez-vous mieux. Trente-trois, Voilà le chat.
Louis XIV, furieux, ordonna une enquête. © Remy de la Mauviniere/AP/SIPA 28/07/2014 à 1640, Mis à jour le 23/10/2017 à 1718 Le 16 novembre 1664, l’épouse du Roi-Soleil donne naissance à une métisse. Les soupçons portent sur son domestique africain, le nain Nabo. Retrouvez chaque semaine les folles histoires de l'histoire de France. Nul dans le long passé du royaume n’a vu reine si bien louée que notre présente souveraine, Marie-Thérèse. Sa conduite, sa sagesse, sa raison, tout en elle est célébré. Elle a du mérite, de l’exactitude dans l’accomplissement de ses devoirs, de l’attachement pour son époux, de la majesté dans les grandes heures, de l’agrément dans les plus discrètes. Songer qu’elle fut l’héritière à Madrid du plus puissant trône de tous les temps, ce fameux empire de Charles Quint sur lequel le soleil ne se couche jamais ! On observe pourtant chez elle une grandeur simple, naturelle, indépendante du geste et de la démarche, comme ignorante de sa haute naissance. Sa bonté paisible et son calme s’accompagnent de tant de vertus que sa modestie ne les peut couvrir. Elle semble ne s’abandonner qu’à ses chapelets, négliger les artifices de son ajustement, céder en tout lieu à son tempérament raisonnable et n’obéir qu’à la froide raison du devoir. Dans la cour de France, si futile, engageante et enjouée, elle promène un air espagnol de gravité religieuse qui inspire le respect. C’est dire avec quels égards les grands du royaume ont gagné, le mois dernier, ses appartements lorsque la nouvelle s’est répandue que Sa Majesté entrait en y a trois ans, déjà au mois de novembre, en 1661, la reine avait offert au royaume un fils, le dauphin Louis. Il y a deux ans, encore en novembre, une petite fille lui était née, Anne-Elisabeth, très vite décédée malheureusement, pour la plus grande peine de tous, et d’abord du roi. Et voilà que, toujours en novembre, l’arrivée d’un troisième enfant venait couronner un mariage heureux et un règne paisible. Félix, le chirurgien de la reine, l’assistait dans son travail. A leurs côtés, l’abbé de Gordes, présentement évêque de Langres, son premier aumônier, les accompagnait de ses prières. La naissance fut longue et bien fatigante pour Sa Majesté mais, à la nuit tombée, c’est une jeune princesse, Marie-Anne, qui fut présentée aux grands du royaume assemblés derrière une barrière dans la chambre même de la reine selon la coutume qui veut que les héritiers du plus brillant trône d’Europe apparaissent au monde au vu et au su de leurs futurs sujets. Et là, le scandale éclata. La suite après cette publicité A la vue du bébé le confesseur de la reine manque de s'évanouirTout d’abord, à la grande surprise de chacun, lorsqu’il s’approcha du bébé pour le bénir, l’abbé de Gordes fut pris d’un malaise. On dut le soutenir. Pis encore, comme essoufflé ou stupéfait, il s’évanouit d’affliction. L’effet fut prodigieux. Les courtisans présents se bousculaient. On cherchait à voir, on s’empressait, on se bousculait, on se tourmentait, on s’interrogeait, on s’agitait. Bientôt, la surprise tourna à l’ahurissement lorsque l’enfant, ainsi que l’exige la tradition, fut présenté à bout de bras aux invités. Le temps d’un regard, la stupeur imposa un silence de tombe là où, un instant plus tôt, caquetaient les piaillements d’une volière. Alors surgit l’éclat de rire tonitruant du prince de Condé. Puis son commentaire Mon Dieu, mais il est noir ! N’a-t-il pas tout l’air d’un petit Maure ? » La suite après cette publicité Marie-Thérèse d'Autriche, peinte par Diego Velazquez Coll-Peter Willi/SUPERSTOCK/SIPA On connaît monsieur le Prince à défaut d’une grande taille, la naissance lui a livré en gros un air de hauteur, de fierté, de commandement, d’assurance et de morgue. Indiscret, grand parleur, impétueux, altier, entreprenant, on dirait que, où qu’il aille, il marche des épaules, bouscule, renverse et triomphe. Nul autre artificier n’eût pu allumer plus vite la mèche. A peine avait-il parlé, crié plutôt, et ri, ou plutôt raillé, que la rumeur s’enflamma. Quel moyen au Louvre de demeurer immobile quand tout marche, se remue, court, piaffe, fourgonne et se laisse emporter au torrent des commentaires ? A son arrivée, la foule déversait des torrents de louanges pour notre chère reine. Dès qu’elle s’égailla, elle n’eut plus qu’un bouillonnement de fleuve en crue pour médire d’elle. N’attendez pas de franchise, de candeur, de bienveillance ou de générosité chez celui ou celle qui s’est livré à la cour. Tel le feu dans la plaine asséchée du mois d’août, mille explications insinuantes se répandirent dans les couloirs et les tout ce qui faisait le charme de la reine contribua à alourdir son dossier d’accusation. Elle était timide, petite, gourmande et il fallait traverser de vastes landes ennuyeuses comme la pluie avant de trouver la petite prairie de son charme. Sous l’écorce de sa politesse coulait une sève froide et corrompue. La veille, ces intrigants, empressés et obséquieux, prêtaient des grandeurs romaines à Marie-Thérèse d’Espagne ; à présent, ils lui reprochaient de rester enfermée avec ses dames de compagnie, ses nains, ses confesseurs et son fameux chocolat, sa seule fantaisie – avec le jeu dont elle a pris le goût à Paris et auquel elle consacre des sommes royales au grand mais muet déplaisir de monsieur Colbert. Son innocence même tournait à son désavantage. Hier on trouvait touchant qu’elle invitât les maîtresses de son époux le roi à venir prier avec elle. Désormais, on y voyait malice. Et on riait sans se dissimuler de cette première dame de France qui, pour atténuer sa petitesse, chaussait des talons si hauts qu’ils la faisaient souvent tomber. Il suffit d’un instant pour que d’une sainte la cour fît une pestiférée. Plus tôt, on lui prêtait une vertu sévère qui n’entrait pas dans les faiblesses humaines ; à présent on lui attribuait des faiblesses qui la chassaient de toute espèce de vertu. La suite après cette publicité La suite après cette publicité Le roi demande au lieutenant de police de mener l'enquêteUn grand silence se fit lorsque le roi enfin arriva au chevet de son épouse et de sa fille. Chacun s’était retiré. Ne restaient dans l’appartement que quelques dames de l’entourage de la reine, son chirurgien et son confesseur que les sels avaient ramené à lui. On murmurait en espagnol. L’heure n’était plus à fournir des prétextes de plaisanterie mais des explications. Dans un mélange savoureux de termes castillans et de mots français, la camarera mayor de la reine évoqua devant le roi le péché de gourmandise de sa maîtresse et son inclination coupable pour le chocolat dont, à force d’abus, une couche épaisse avait tapissé les entrailles de la souveraine au point d’altérer le teint de l’enfant qu’elle portait. Sa Majesté ne parut point convaincue et s’enquit auprès du chirurgien de sa propre interprétation. Sans exclure la vraisemblance de ce raisonnement, M. Félix évoqua l’intimité de la reine et de son nain préféré, le petit Nabo, ramené il y a quelques années du Dahomey par l’amiral de chastes pirouettes et les innocentes facéties de cette pittoresque créature faisaient en effet de longue date le bonheur des appartements espagnols du palais et la joie de la reine qui, comme dans un conte mahométan, avait rebaptisé Nabo Osmin ». Depuis qu’elle s’était entichée de lui, la fascination du jeune homme s’accompagnait en retour d’une telle vénération qu’il couvait sans cesse sa maîtresse de regards affectueux dont l’élan pouvait avoir troublé les mécanismes de reproduction de Sa Majesté. Agacé, le roi haussa les épaules et, fixant d’un œil sombre le médecin, lâcha ces mots lourdement sceptiques Fallait-il qu’il eût le regard pénétrant ! » Sur quoi, le roi ajouta qu’il se demandait si le chirurgien était bien instruit des mystères de la conception. Puis il se retira et pria le lieutenant de police du royaume, monsieur de La Reynie, de mener enquête avec diligence et, s’il convenait, de la pousser aux extrémités. Il semble que le cœur de la reine voulut se fendre mais elle reçut cet ordre avec tout le respect, toute la fermeté et toute l’humiliation que méritait un si lourd soupçon, mais qu’allégeait la pureté de sa conscience. A peine ajouta-t-elle que cette naissance était une mortification que Dieu lui faisait souffrir mais que son cher époux rayerait vite l’article de l’infidélité sur la mémoire de ses défauts. Puis elle ordonna à sa compagnie de répondre sans détours aux questions de monsieur de La ans après, une jeune fille noire arrive à Notre-Dame de MeauxLa tâche pour lui n’était pas simple. On connaît ces dames espagnoles elles impressionnent fort à force de se taire et se rendent importantes par des silences soutenus. Une inflexion de voix, un geste à peine esquissé, une ébauche de sourire vite retenu et elles se jettent sur leur prie-Dieu pour confesser d’imaginaires péchés de commérage. Pourtant les faits sont les faits et deux d’entre eux sont à présent établis. D’une part, le jeune Nabo a disparu et nul ne l’a revu. depuis la naissance de la petite princesse. D’autre part, plus la date des relevailles approchait, plus la reine avait paru à tous tourmentée, inquiète, lasse et sans agrément, comme si, au lieu d’un bonheur et d’un soulagement, sa conscience appréhendait questions et perquisitions. Du moins telle était la rumeur qui parcourait le Louvre. Tout à leur affaire, fines mouches et mauvaises langues insinuaient ainsi que la reine se serait consolée en petit tout petit en vérité comité d’être belle et vertueuse inutilement tandis que son époux ne cachait pas son intimité avec madame Henriette d’Angleterre, sa belle-sœur, et avec mademoiselle de La Vallière. En réalité, notre journal a eu connaissance du rapport de monsieur de La Reynie et ses conclusions ne mettent nullement en cause la fidélité de la souveraine. C’est monsieur Fagon, premier chirurgien du roi, qui fournit l’explication d’un mystère qui n’en est point un. L’accouchement avait été éprouvant pour la reine et l’on pensa même qu’elle allait y perdre la vie. Mais il l’avait été aussi pour le bébé qui, tandis qu’il sortait des entrailles de sa mère, manqua d’air. Au point de paraître à son arrivée non pas noir mais violacé. Seulement le jour tombait, l’éclairage des appartements était à la pénombre, le feu alimenté sans relâche avait encore aggravé par ses fumées l’obscurité, et nul, dans cette demi-nuit, ne pouvait distinguer le noir du bleu, du marron, du gris ou du violet. Monsieur le Prince crut avoir vu ce qu’il n’avait point vu mais qui l’eût amusé de voir, il le claironna et les importants sans importance de la cour, enchantés de voir une dévote soudain expulsée chez les coquettes, se firent un devoir de répandre une rumeur aussi fielleuse que menteuse. Soulagée d’être relevée d’un si odieux discrédit, la reine fut bientôt accablée d’une autre douleur quand sa petite fille, la princesse Marie-Anne, fut déclarée morte quarante jours plus tard, le 26 décembre 1664, non sans avoir été baptisée. Grâce à Dieu et à sa providence, la santé du dauphin Louis n’offre aucune alarme et, à 3 ans, il semble croître fort comme un tronc et beau comme un lys. Toutefois, il y a déjà deux ans, la princesse Anne-Elisabeth avait également passé après quelques jours seulement. Les médecins s’interrogent sur les sangs du couple royal. Ne sont-ils pas trop proches ? Le roi avait pour mère Anne d’Autriche, qui était la sœur de Philippe IV, le père de la reine. De fait, ils sont doubles cousins germains. Les mystères des humeurs internes et de la circulation du lymphatique demeurent bien obscurs à la science mais certains se demandent à la faculté si, en ces matières de conception, la variété des sangs ne mérite pas plus considération que leur pureté…Inconnue, mais de fort bonne éducation Le portrait de la Mauresse est aujourd'hui à la bibliothèque Sainte-Geneviève. DR Ainsi s’achevait il y a une quarantaine d’années notre article consacré à la naissance de la princesse Marie-Anne et il semblait alors que l’Histoire avait tourné la page. Le caractère de la reine jugeait pour elle et lui attirait toute sorte de confiance. A sa mort, en 1683, quand Sa Majesté lui rendit hommage en avouant que c’était la première fois qu’elle lui causait un chagrin, le scandale de l’enfant noir semblait enterré au fond des mémoires. Jusqu’à ce qu’apparaisse une adolescente noire chez les chanoinesses de l’abbaye Notre-Dame de Meaux. Inconnue mais de fort bonne éducation, elle venait d’un village proche de Cahors où elle avait été élevée par un ancien valet de la cour. Nul ne prêta grande attention à cette novice. D’où la stupéfaction générale, une dizaine d’années plus tard, le jour où elle prit le voile sous le nom de sœur Louise-Marie de-Sainte-Thérèse au couvent des bénédictines de Moret-sur-Loing, à proximité de Fontainebleau. Non que ces trois prénoms aient étonné particulièrement. Mais plusieurs hauts personnages lui firent l’honneur d’assister à la l’effet fut considérable dans la petite communauté religieuse, nul à la cour ne s’étendit en explications sur ce mystère et, la surprise retombée, le silence et l’oubli auraient vite retrouvé leurs aises coutumières au couvent si princes de sang et membres de la cour n’avaient continué de rendre de brèves visites à la recluse de Moret-sur-Loing. Que cherchaient-ils ? Chacun se posait la question, et chacune. Et de répondre que sœur Louise-Marie de Sainte-Thérèse avait sans doute des dons en occultisme. En ces dernières années de règne du Grand Roi, un goût pour l’astrologie et la divination semblait en effet emporter la société au point que Sa Majesté s’en était agacée et donnait à Versailles la chasse aux tables tournantes. Les passages de Madame de Maintenon elle-même auprès de la religieuse achevèrent d’intriguer. Jamais la première dame du royaume n’eût contrevenu aux souhaits de son souverain. Elle venait donc pour d’autres et mystérieux motifs. Sans doute chrétiens. Le roi, bon père pour tous ses enfants, ne se résignait peut-être pas à abandonner la fille de Marie-Thérèse, victime avec Nabo d’une faiblesse passagère à laquelle lui-même, des années durant, n’avait cessé de s’abandonner.
3La reine Esther répondit: Si j'ai trouvé grâce à tes yeux, ô roi, et si le roi le trouve bon, accorde-moi la vie, voilà ma demande, et sauve mon peuple, voilà mon désir! 4 Car nous sommes vendus, moi et mon peuple, pour être détruits, égorgés, anéantis. Encore si nous étions vendus pour devenir esclaves et servantes, je me
Ernest Normand Vasthi Deposed Au temps d'Assuérus, Vasti est la reine. Alors que le roi organise une royale fête, la reine Vasti festoie au palais. Et voila le roi qui la convoque pour faire admirer sa beauté. Celle-ci refuse de venir, le roi entre dans un colère jaune. Une lecture hâtive du texte, fait de Vasti la femme du roi. Or il n'en est rien. D'abord le texte ne le dit pas. Et ensuite tous les éléments disséminés dans le chapitre 1 du Livre d'Esther amène à conclure que Vasti n'est pas la femme mais la mère du roi Assuérus enfant. Cette perspective nouvelle éclaire sous un nouveau jour le Livre d'Esther qui n'a plus de contenance historique pour devenir un conte psychologique qui illustre les ressorts de l'âme humaine. L'expulsion de la reine est ainsi une allégorie de l'Oedipe et le récit celui de la construction de l'altérité Ainsi quand le conseiller dit au roi - image de la loi qui pose l'interdit - "tu en épouseras une plus jeune et plus belle plus tard", il s'adresse à l'enfant qui doit renoncer à sa mère. Quand le roi est dans ses fêtes, Toute Puissance, Omnipotence, absence de limite, caractéristiques du narcissisme primaire des premiers âges de la vie. Que la Toute-Puissance soit toujours associée à une jouissance sans limite découle à l’évidence du fait que si un quelconque obstacle venait à limiter la jouissance, alors il ne saurait y avoir de toute- puissance. De la même façon, l’autre n’existe pas ici, pour la simple raison que l’autre définirait une limite, c’est pourquoi il est dit Je suis à la tête de nombreuses nations et ma puissance s’étend sur la terre entière. Ce qui montre bien que s’il y a des nations que le roi ne domine pas, c’est que ces nations n’existent pas ! Nous sommes dans une bulle. Une bulle de plaisir. Quoi, comment ? Voilà que le roi, tout à son plaisir se trouve soudain désirer que la reine vienne à lui et elle refuse, elle se refuse à sa volonté ! Mais c’est qu’il nous fait une grosse colère en plus ! Cette scène, c’est l’absence de la mère, la frustration, le fort-da de Freud. Ce qui se passe ici, chez le petit Roi Assuérus, c’est la première prise de conscience de l’altérité si la reine n’est pas là, c’est qu’elle est ailleurs ! , si elle est ailleurs, c’est qu’il existe un monde extérieur dans lequel le roi n’est pas. Si elle se refuse à sa volonté, c’est qu’il n’est pas tout puissant ! C’est qu’une autre volonté peut s’opposer à la sienne ! Ainsi si le roi se met en colère, c’est à cause du manque. Mais ce manque, ce n’est pas le manque de l’autre, ce n’est pas la mère, parce qu’absente, qui lui manque. C’est bien parce qu’il ne peut pas montrer à ses invités combien la reine est belle, qu’il est souffrant. Le manque c’est la prise de conscience que la Toute-Puissance n’est pas Toute-Puissante. C’est la prise de conscience que le plaisir n’est pas sans limite, c’est la prise de conscience que le monde ne tourne pas entièrement autour du roi. Le roi vient de rentrer dans la réalité. Ainsi la castration, c’est-à-dire la perte du pénis, c’est d’abord la perte de la toute puissance et ensuite l'exclusion de la part féminine. Lorsqu'il reste une part narcissique de la toute puissance, celle-ci est blessée par l'apparition de l'autre. Nous découvrons là deux caractéristiques de l’Autre il est absent et il blesse la toute-puissance lorsque cette absence devient manifeste. Il faut dire alors que l'autre apparait en tant qu'absent et que tout sera fait pour que cette absence ne soit pas manifeste. Noter que la Reine Vasti est punie, qu'elle est déclarée coupable, qu'elle est chassée du palais, les rabbins disent qu'elle est simplement exécutée.
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| Μοкዉζ уֆоւохեց иλиվι | Еናጪπωζузዤዐ хаգυ | ጼձο ք |
Cen’est pas grave, l’essentiel est là. Je remporte la Coupe du monde». Le pilote tricolore, remporte en effet pour la 5e fois le classement général de la coupe du monde. Et de belle manière tout de même, puisqu’une 11e place lui aurait suffi à Champéry, une semaine avant la dernière manche, à Schladming.
La reine mère Élisabeth rend visite aux enfants des quartiers populaires de Londres pendant les bombardements en 1940. Ho New/Reuters Bien sûr, au premier coup d'oeil, le cliché est troublant. Consternant même. En couverture du quotidien The Sun, la duchesse d'York, future reine consort Élisabeth, ses filles Élizabeth et Margaret, encouragées par le prince de Galles, futur Édouard VIII, font le salut nazi. Et la photographie, de médiocre qualité, s'accompagne de ce titre racoleur Their Royal Heilnesses Leurs Heiltesses Royales. Un méchant jeu de mots substituant le "Al" d'altesses au "Heil" du salut hitlérien. L'image est tirée d'un petit film de 17 secondes, tourné devant le manoir de Birkhall, sur le domaine royal de Balmoral, en 1933, probablement par le futur George VI. À y regarder de plus près, il est clair que la duchesse d'York et les princesses, 6 et 3 ans, qui trépignent et sautent de joie, se livrent à une parodie. Et il convient de replacer la scène dans son contexte historique. À cette époque, le parti national-socialiste vient de remporter les élections législatives, et Adolf Hitler accède, démocratiquement, au poste de chancelier de la république de Weimar. Sur la pellicule, Élisabeth et ses filles se moquent probablement des rodomontades du nouveau leader nazi, comme le feront Charlie Chaplin, en 1940, dans Le dictateur, et Ernst Lubitsch, en 1942, dans To Be or Not to Be. Personne, ou presque, ne veut alors envisager la guerre. La jeune duchesse Élisabeth, qui a perdu son frère Fergus à la bataille de Loos, en 1915, moins encore qu'une autre. Devenue reine au côté de George VI, en décembre 1936, elle saura pourtant s'y préparer avec courage et abnégation. Pour combattre son ennemi, il faut le connaître. Elle se procure une version intégrale du Mein Kampf d'Hitler, et pas l'édition expurgée des thèses antijuives qui circule alors au Royaume-Uni. Elle analyse l'ouvrage dont elle fait parvenir un exemplaire à lord Halifax, le ministre des Affaires étrangères, en lui recommandant de ne pas trop s'y attarder "Sinon, vous allez devenir fou, ce qui serait dommage. Le feuilleter suffit à donner une bonne idée de sa mentalité, de son ignorance et de son évidente sincérité." Malgré les bombardements, Élisabeth refuse de quitter LondresÉlisabeth est auprès de George VI, le 3 septembre 1939, devant le poste de radio, quand Neville Chamberlain annonce l'entrée en guerre du Royaume-Uni. "Je n'ai pu empêcher mes larmes de couler, mais nous comprenions tous les deux que c'était inévitable, que si nous voulions que la liberté demeure dans notre monde, nous devions affronter la cruelle foi nazie, nous débarrasser de ce cauchemar continu... Pendant que tout cela nous venait à l'esprit, soudain l'horrible hurlement des sirènes d'alarme se fit entendre. Nous nous sommes regardés le roi et moi, disant ça ne peut pas être ça, mais si, ça l'était, et le coeur battant nous sommes descendus dans l'abri, au sous-sol. Médusés, horrifiés, nous avons attendu que tombent les bombes." Offre limitée. 2 mois pour 1€ sans engagement La tempête de feu de la Luftwaffe mettra encore une année avant de s'abattre sur Londres. Mais le terrible Blitz, qui durera de septembre 1940 à mai 1941, dévastera alors la capitale. Les quartiers populaires de l'Est, le palais de Westminster, la cathédrale Saint-Paul et même la chapelle de "ce cher vieux Buckingham" sont touchés. Mais cette dernière attaque, loin d'abattre la reine Élisabeth, renforce encore sa détermination "Finalement, je suis assez contente, maintenant je peux regarder les gens de l'East End en face." Et quand les officiels lui conseillent de mettre ses filles à l'abri, loin du danger, elle répond impassible "Les enfants ne partiront pas sans moi. Il m'est impossible de laisser le roi. Et le roi ne partira jamais !" Élisabeth, la reine mère, et Sir Winston New/ReutersPlus les bombardements s'intensifient, plus la reine s'active. Aux enfants rescapés du bombardement d'une école, elle distribue les bananes rapportées de Casablanca, par lord Mountbatten, pour ses propres filles. "La vue de ces petits visages, si mignons, torturés pour les besoins de propagande nazie, m'a rendue plus déterminée que jamais à détruire ces épouvantables Boches. Je grince des dents de rage." Vêtue de tons beige clair, rose poudré ou bleu lavande, son "arc-en-ciel de l'espoir", jamais de noir jugé trop défaitiste et anxiogène, elle sillonne les villes et les faubourgs dévastés. Toujours souriante, pleine d'espoir et de courage. À sa soeur Mary, lady Elphinstone, elle avoue pourtant "J'ai toujours aussi peur des bombes et des canons qu'au début. Je deviens rouge brique et mon coeur bat, en fait je suis une lâche, mais comme je suis sûre qu'un tas de gens le sont, ça m'est égal ! Bon, chérie, je dois arrêter... et à bas les nazis !" Mais son combat psychologique fonctionne. Au point d'anéantir les effets de la campagne de démoralisation orchestrée par l'ennemi. Pour Hitler, qui en perd le sommeil, elle est devenue, dès 1942, "la tête à abattre". Et de son propre aveu "La femme la plus dangereuse d'Europe !" "Plus déterminée que jamais à détruire ces épouvantables Boches !" Mariage de la princesse Elizabeth, future reine Elizabeth II, et Philip Mountbatten -en tenue d'officier de la Royal Navy britannique- le 20 novembre "sang allemand" du prince Philip À la suite des "révélations" du journal The Sun, plusieurs médias britanniques s'engouffrent dans la polémique en rappelant les origines allemandes du duc d'Édimbourg. Le prince Philip, qui s'est distingué dans la Royal Navy durant la Seconde Guerre mondiale, est effectivement le fils de la princesse André de Grèce et de Danemark, née Alice von Battenberg. Seulement voilà, la mère du futur duc d'Édimbourg, loin de collaborer avec ses "compatriotes" après l'invasion de la Grèce par les forces de l'Axe, en 1941, va se consacrer sans relâche au secours des Athéniens, comme infirmière et même cantinière. Quand les rafles débuteront, conduisant à la déportation de 60 000 des 75 000 Juifs de la capitale, elle cachera à son domicile madame Rachel Cohen et deux de ses cinq enfants. Disparue en 1969, la princesse a été honorée par le Comité Yad Vashem du titre de "Juste parmi les nations". Elle repose au couvent Sainte-Marie-Madeleine de Jérusalem, sur le mont des oliviers. Les plus lus OpinionsTribunePar Carlo Ratti*ChroniquePar Antoine Buéno*ChroniqueJean-Laurent Cassely
Quandle roi et la reine furent bien pauvres, le roi dit à sa femme : « Nous voilà hors de notre royaume ; nous n’avons plus rien : il faut gagner notre vie et celle de nos pauvres enfants ; avisez un peu ce que nous avons à faire, car jusqu’à présent je n’ai su que le métier de roi, qui est fort doux. » La reine avait beaucoup d
IVla nuit des rois. Cependant Charles IX marchait côte à côte avec Henri appuyé à son bras, suivi de ses quatre gentilshommes et précédé de deux porte-torches. — Quand je sors du Louvre, disait le pauvre roi, j’éprouve un plaisir analogue à celui qui me vient quand j’entre dans une belle forêt ; je respire, je vis, je suis libre. Henri sourit. — Votre Majesté serait bien dans les montagnes du Béarn, alors ! dit Henri. — Oui, et je comprends que tu aies envie d’y retourner ; mais si le désir t’en prend par trop fort, Henriot, ajouta Charles en riant, prends bien tes précautions, c’est un conseil que je te donne car ma mère Catherine t’aime si fort qu’elle ne peut pas absolument se passer de toi. — Que fera Votre Majesté ce soir ? dit Henri en détournant cette conversation dangereuse. — Je veux te faire faire une connaissance, Henriot ; tu me diras ton avis. — Je suis aux ordres de Votre Majesté. — À droite, à droite ! nous allons rue des Barres. Les deux rois, suivis de leur escorte, avaient dépassé la rue de la Savonnerie, quand, à la hauteur de l’hôtel de Condé, ils virent deux hommes enveloppés de grands manteaux sortir par une fausse porte que l’un d’eux referma sans bruit. — Oh ! oh ! dit le roi à Henri, qui selon son habitude regardait aussi, mais sans rien dire, cela mérite attention. — Pourquoi dites-vous cela, sire ? demanda le roi de Navarre. — Ce n’est pas pour toi, Henriot. Tu es sûr de ta femme, ajouta Charles avec un sourire ; mais ton cousin de Condé n’est pas sûr de la sienne, ou, s’il en est sûr, il a tort, le diable m’emporte ! — Mais qui vous dit, sire, que ce soit madame de Condé que visitaient ces messieurs ? — Un pressentiment. L’immobilité de ces deux hommes, qui se sont rangés dans la porte depuis qu’ils nous ont vus et qui n’en bougent pas ; puis, certaine coupe de manteau du plus petit des deux… Pardieu ! ce serait étrange. — Quoi ? — Rien ; une idée qui m’arrive, voilà tout. Avançons. Et il marcha droit aux deux hommes, qui, voyant alors que c’était bien à eux qu’on en avait, firent quelques pas pour s’éloigner. — Holà, Messieurs ! dit le roi, arrêtez. — Est-ce à nous qu’on parle ? demanda une voix qui fit tressaillir Charles et son compagnon. — Eh bien ! Henriot, dit Charles, reconnais-tu cette voix-là maintenant ? — Sire, dit Henri, si votre frère le duc d’Anjou n’était point à La Rochelle, je jurerais que c’est lui qui vient de parler. — Eh bien ! dit Charles, c’est qu’il n’est point à La Rochelle, voilà tout. — Mais qui est avec lui ? — Tu ne reconnais pas le compagnon ? — Non, sire. — Il est pourtant de taille à ne pas s’y tromper. Attends, tu vas le reconnaître… Holà ! hé ! vous dis-je, répéta le roi ; n’avez-vous pas entendu, mordieu ! — Êtes-vous le guet pour nous arrêter ? dit le plus grand des deux hommes, développant son bras hors des plis de son manteau. — Prenez que nous sommes le guet, dit le roi, et arrêtez quand on vous l’ordonne. Puis se penchant à l’oreille de Henri — Tu vas voir le volcan jeter des flammes, lui dit-il. — Vous êtes huit, dit le plus grand des deux hommes, montrant cette fois non seulement son bras mais encore son visage, mais fussiez-vous cent, passez au large ! — Ah ! ah ! le duc de Guise ! dit Henri. — Ah ! notre cousin de Lorraine ! dit le roi ; vous vous faites enfin connaître ! c’est heureux ! — Le roi ! s’écria le duc. Quant à l’autre personnage, on le vit à ces paroles s’ensevelir dans son manteau et demeurer immobile après s’être d’abord découvert la tête par respect. — Sire, dit le duc de Guise, je venais de rendre visite à ma belle-sœur, madame de Condé. — Oui… et vous avez amené avec vous un de vos gentilshommes, lequel ? — Sire, répondit le duc. Votre Majesté ne le connaît pas. — Nous ferons connaissance alors, dit le roi. Et marchant droit à l’autre figure, il fit signe à un des deux laquais d’approcher avec son flambeau. — Pardon, mon frère ! dit le duc d’Anjou en décroisant son manteau et s’inclinant avec un dépit mal déguisé. — Ah ! ah ! Henri, c’est vous !.. Mais non, ce n’est point possible, je me trompe… Mon frère d’Anjou ne serait allé voir personne avant de venir me voir moi-même. Il n’ignore pas que pour les princes du sang qui rentrent dans la capitale, il n’y a qu’une porte à Paris c’est le guichet du Louvre. — Pardonnez, sire, dit le duc d’Anjou je prie Votre Majesté d’excuser mon inconséquence. — Oui-da ! répondit le roi d’un ton moqueur ; et que faisiez-vous donc, mon frère, à l’hôtel de Condé ? — Eh ! mais, dit le roi de Navarre de son air narquois, ce que Votre Majesté disait tout à l’heure. Et se penchant à l’oreille du roi, il termina sa phrase par un grand éclat de rire. — Qu’est-ce donc ? demanda le duc de Guise avec hauteur ; car, comme tout le monde à la cour, il avait pris l’habitude de traiter assez rudement ce pauvre roi de Navarre… Pourquoi n’irais-je pas voir ma belle-sœur ? M. le duc d’Alençon ne va-t-il pas voir la sienne ? Henri rougit légèrement. — Quelle belle-sœur ? demanda Charles ; je ne lui en connais pas d’autre que la reine Élisabeth. — Pardon, sire ! c’était sa sœur que j’aurais dû dire, madame Marguerite, que nous avons vue passer en venant ici il y a une demi-heure dans sa litière, accompagnée de deux muguets qui trottaient chacun à une portière. — Vraiment ! dit Charles… Que répondez-vous à cela, Henri ? — Que la reine de Navarre est bien libre d’aller où elle veut, mais je doute qu’elle soit sortie du Louvre. — Et moi, j’en suis sûr, dit le duc de Guise. — Et moi aussi, fit le duc d’Anjou, à telle enseigne que la litière s’est arrêtée rue Cloche-Percée. — Il faut que votre belle-sœur, pas celle-ci, dit Henri en montrant l’hôtel de Condé, mais celle de là-bas, et il tourna son doigt dans la direction de l’hôtel de Guise, soit aussi de la partie, car nous les avons laissées ensemble, et, comme vous le savez, elles sont inséparables. — Je ne comprends pas ce que veut dire Votre Majesté, répondit le duc de Guise. — Au contraire, dit le roi, rien de plus clair, et voilà pourquoi il y avait un muguet courant à chaque portière. — Eh bien ! dit le duc, s’il y a scandale de la part de la reine et de la part de mes belles-sœurs, invoquons pour le faire cesser la justice du roi. — Eh ! pardieu, dit Henri, laissez là mesdames de Condé et de Nevers. Le roi ne s’inquiète pas de sa sœur… et moi j’ai confiance dans ma femme. — Non pas, non pas, dit Charles ; je veux en avoir le cœur net ; mais faisons nos affaires nous-mêmes. La litière s’est arrêtée rue Cloche-Percée, dites-vous, mon cousin ? — Oui, sire. — Vous reconnaîtriez l’endroit ? — Oui, sire. — Eh bien ! allons-y ; et s’il faut brûler la maison pour savoir qui est dedans, on la brûlera. C’est avec ces dispositions, assez peu rassurantes pour la tranquillité de ceux dont il est question, que les quatre principaux seigneurs du monde chrétien prirent le chemin de la rue Saint-Antoine. Les quatre princes arrivèrent rue Cloche-Percée ; Charles, qui voulait faire ses affaires en famille, renvoya les gentilshommes de sa suite en leur disant de disposer du reste de leur nuit, mais de se tenir près de la Bastille à six heures du matin avec deux chevaux. Il n’y avait que trois maisons dans la rue Cloche-Percée ; la recherche était d’autant moins difficile que deux ne firent aucun refus d’ouvrir c’étaient celles qui touchaient l’une à la rue Saint-Antoine, l’autre à la rue du Roi-de-Sicile. Quant à la troisième, ce fut autre chose c’était celle qui était gardée par le concierge allemand, et le concierge allemand était peu traitable. Paris semblait destiné à offrir cette nuit les plus mémorables exemples de fidélité domestique. M. de Guise eut beau menacer dans le plus pur saxon, Henri d’Anjou eut beau offrir une bourse pleine d’or, Charles eut beau aller jusqu’à dire qu’il était lieutenant du guet, le brave Allemand ne tint compte ni de la déclaration, ni de l’offre, ni des menaces. Voyant que l’on insistait, et d’une manière qui devenait importune, il glissa entre les barres de fer l’extrémité de certaine arquebuse, démonstration dont ne firent que rire trois des quatre visiteurs… Henri de Navarre se tenant à l’écart, comme si la chose eût été sans intérêt pour lui… attendu que l’arme, ne pouvant obliquer dans les barreaux, ne devait guère être dangereuse que pour un aveugle qui eût été se placer en face. Voyant qu’on ne pouvait intimider, corrompre ni fléchir le portier, le duc de Guise feignit de partir avec ses compagnons ; mais la retraite ne fut pas longue. Au coin de la rue Saint-Antoine, le duc trouva ce qu’il cherchait c’était une de ces pierres comme en remuaient, trois mille ans auparavant, Ajax Télamon et Diomède ; il la chargea sur son épaule, et revint en faisant signe à ses compagnons de le suivre. Juste en ce moment le concierge, qui avait vu ceux qu’il prenait pour des malfaiteurs s’éloigner, refermait la porte sans avoir encore eu le temps de repousser les verrous. Le duc de Guise profita du moment véritable catapulte vivante, il lança la pierre contre la porte. La serrure vola, emportant la portion de la muraille dans laquelle elle était scellée. La porte s’ouvrit, renversant l’Allemand, qui tomba en donnant, par un cri terrible, l’éveil à la garnison, qui, sans ce cri, courait grand risque d’être surprise. Justement en ce moment-là même, La Mole traduisait, avec Marguerite, une idylle de Théocrite, et Coconnas buvait, sous prétexte qu’il était Grec aussi, force vin de Syracuse avec Henriette, La conversation scientifique et la conversation bachique furent violemment interrompues. Commencer par éteindre les bougies, ouvrir les fenêtres, s’élancer sur le balcon, distinguer quatre hommes dans les ténèbres, leur lancer sur la tête tous les projectiles qui leur tombèrent sous la main, faire un affreux bruit de coups de plat d’épée qui n’atteignaient que le mur, tel fut l’exercice auquel se livrèrent immédiatement La Mole et Coconnas. Charles, le plus acharné des assaillants, reçut une aiguière d’argent sur l’épaule, le duc d’Anjou un bassin contenant une compote d’oranges et de cédrats, et le duc de Guise un quartier de venaison. Henri ne reçut rien. Il questionnait tout bas le portier, que M. de Guise avait attaché à la porte, et qui répondait par son éternel — Ich verstehe nicht. Les femmes encourageaient les assiégés et leur passaient des projectiles qui se succédaient comme une grêle. — Par la mort-diable ! s’écria Charles IX en recevant sur la tête un tabouret qui lui fit rentrer son chapeau jusque sur le nez, qu’on m’ouvre bien vite, ou je ferai tout pendre là-haut. — Mon frère ! dit Marguerite bas à La Mole. — Le roi ! dit celui-ci tout bas à Henriette. — Le roi ! le roi ! dit celle-ci à Coconnas, qui traînait un bahut vers la fenêtre, et qui tenait à exterminer le duc de Guise, auquel, sans le connaître, il avait particulièrement affaire. Le roi ! je vous dis. Coconnas lâcha le bahut, regarda d’un air étonné. — Le roi ? dit-il. — Oui, le roi. — Alors, en retraite. — Eh ! justement La Mole et Marguerite sont déjà partis ! venez. — Par où ? — Venez, vous dis-je. Et le prenant par la main, Henriette entraîna Coconnas par la porte secrète qui donnait dans la maison attenante ; et tous quatre, après avoir refermé la porte derrière eux, s’enfuirent par l’issue qui donnait rue Tizon. — Oh ! oh ! dit Charles, je crois que la garnison se rend. On attendit quelques minutes ; mais aucun bruit ne parvint jusqu’aux assiégeants. — On prépare quelque ruse, dit le duc de Guise. — Ou plutôt on a reconnu la voix de mon frère et l’on détale, dit le duc d’Anjou. — Il faudra toujours bien qu’on passe par ici, dit Charles. — Oui, reprit le duc d’Anjou, si la maison n’a pas deux issues. — Cousin, dit le roi, reprenez votre pierre, et faites de l’autre porte comme de celle-ci. Le duc pensa qu’il était inutile de recourir à de pareils moyens, et comme il avait remarqué que la seconde porte était moins forte que la première, il l’enfonça d’un simple coup de pied. — Les torches, les torches ! dit le roi. Les laquais s’approchèrent. Elles étaient éteintes ; mais ils avaient sur eux tout ce qu’il fallait pour les rallumer. On fit de la flamme. Charles IX en prit une et passa l’autre au duc d’Anjou. Le duc de Guise marcha le premier, l’épée à la main. Henri ferma la marche. On arriva au premier étage. Dans la salle à manger était servi ou plutôt desservi le souper, car c’était particulièrement le souper qui avait fourni les projectiles. Les candélabres étaient renversés, les meubles sens dessus dessous, et tout ce qui n’était pas vaisselle d’argent en pièces. On passa dans le salon. Là pas plus de renseignements que dans la première chambre sur l’identité des personnages. Des livres grecs et latins, quelques instruments de musique, voilà tout ce que l’on trouva. La chambre à coucher était plus muette encore. Une veilleuse brûlait dans un globe d’albâtre suspendu au plafond ; mais on ne paraissait pas même être entré dans cette chambre. — Il y a une seconde sortie, dit le roi. — C’est probable, dit le duc d’Anjou. — Mais où est-elle ? demanda le duc de Guise. On chercha de tous côtés ; on ne la trouva pas. — Où est le concierge ? demanda le roi. — Je l’ai attaché à la grille, dit le duc de Guise. — Interrogez-le, cousin. — Il ne voudra pas répondre. — Bah ! On lui fera un petit feu bien sec autour des jambes dit le roi en riant, et il faudra bien qu’il parle. Henri regarda vivement par la fenêtre. — Il n’y est plus, dit-il. — Qui l’a détaché ? demanda vivement le duc de Guise. — Mort diable ! s’écria le roi, nous ne saurons rien encore. — En effet, dit Henri, vous voyez bien, sire, que rien ne prouve que ma femme et la belle-sœur de M. de Guise aient été dans cette maison. — C’est vrai, dit Charles. L’Écriture nous apprend il y a trois choses qui ne laissent pas de traces l’oiseau dans l’air, le poisson dans l’eau, et la femme… non, je me trompe, l’homme chez… — Ainsi, interrompit Henri, ce que nous avons de mieux à faire… — Oui, dit Charles, c’est de soigner, moi ma contusion ; vous, d’Anjou, d’essuyer votre sirop d’oranges, et vous, Guise, de faire disparaître votre graisse de sanglier. Et là-dessus ils sortirent sans se donner la peine de refermer la porte. Arrivés à la rue Saint-Antoine — Où allez-vous, Messieurs ? dit le roi au duc d’Anjou et au duc de Guise. — Sire, nous allons chez Nantouillet, qui nous attend à souper, mon cousin de Lorraine et moi. Votre Majesté veut-elle venir avec nous ? — Non, merci ; nous allons du côté opposé. Voulez-vous un de mes porte-torches ? — Nous vous rendons grâce, sire, dit vivement le duc d’Anjou. — Bon ; il a peur que je ne le fasse espionner, souffla Charles à l’oreille du roi de Navarre. Puis prenant ce dernier par-dessous le bras — Viens ! Henriot, dit-il ; je te donne à souper ce soir. — Nous ne rentrons donc pas au Louvre ? demanda Henri. — Non, te dis-je, triple entêté ! viens avec moi, puisque je te dis de venir ; viens. Et il entraîna Henri par la rue Geoffroy-Lasnier.
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et voila le roi et la reine